L’élevage du porc sur
litière
Aurèle Laflamme, technicien agricole
Bureau de
renseignements agricoles de Saint-Hyacinthe
Une solution à certains problèmes ou un recul dans l’évolution des
technologies d’élevage!
On produit déjà beaucoup de porcs sur litière. Ceci est une
déclaration bien gratuite me direz-vous! Il y a peu de producteurs qui
acceptent de l’affirmer. On n’a pas de statistiques pour ou contre. Les
producteurs craignent d’être déclarés illégaux et poursuivis. Ils n’ont
pas pour la majorité obtenu d’autorisation du ministère de
l'Environnement et de la Faune. Ils affirment que certaines normes sont
trop exigeantes et que les délais d’obtention des permis trop longs.
Plusieurs producteurs et techniciens de champ réalisent que la
litière améliore les conditions de vie des porcs. Il est établi
que la gestion sur litière diminue les volumes de fumier à sortir des
bâtiments d’élevage. Des quantités d’eau potable sont économisées. Les
produits utilisés pour la litière (ripe, copeaux, sciure, etc.) sont des
résidus pour lesquels on cherche des voies de valorisation.
La somme de travail par porc produit est augmentée et rend difficile
l’adoption de cette technique pour les grosses unités de production.
Tous les chiffres officiels qui comparent le gain moyen quotidien et la
conversion alimentaire. entre l’élevage sur béton (ou lattes) et sur
litière affirment qu’il n’y a pas de différence significative. Les coûts
de litière sont largement compensés par les coûts d’investissement
diminués. La gestion sur litière est la technique qui s’agence le mieux
avec la ventilation naturelle à grand débit et l’usage des niches. Elle
permet de respecter les façons naturelles de vivre et de cohabiter des
porcs avec leurs congénères. Cette technique est parfois une solution
pour la survie de petites unités et permet souvent de réutiliser des
bâtiments devenus inutiles.
*ATTENTION
Pour produire du porc sur litière, il ne suffit pas de mélanger des
porcs et de la litière. Il existe différentes techniques, il faut les
connaître: bio-maîtrisée, profonde, mince, écoulement continu, accumulé.
Il faut choisir une technique lorsqu’on bâtit ou savoir laquelle
s'adapte le mieux aux bâtisses qu’on possède déjà. Il faut comprendre
les façons de faire suivantes et les appliquer.
*LES FAÇONS DE
FAIRE
1) L’eau est l’ennemi #1 de la litière. Que ce soit les
dégâts d’abreuvoir, la pluie ou l’excès d’humidité, trop d’eau
gâche tout. Une partie importante du parc doit être sèche en
tout temps. Bols à eau et/ou trémies humides sont de mise.
2) Les sites d’alimentation et d’abreuvement doivent être
surélevés (minimum 6 à 8 pouces au-dessus du niveau de la
litière). Le porc grimpera facilement pour s’alimenter.
3) Un fond solide (cimenté) est essentiel pour: la reprise
de la litière, pour prévenir le creusage par les porcs, permettre une
désinfection adéquate, couper l’humidité du sol et réduire les
quantités de litières nécessaires.
4) On sait très bien qu’une litière bien réussie absorbe et évapore
tous les liquides. Il n’est donc pas question d’écoulement ou
d’infiltration. Un drain avec regard autour du site (de la
bâtisse) rassurera toute personne voulant inspecter les lieux.
5) La ventilation à grand débit est essentielle pour
permettre l’évacuation de l’humidité générée par le compostage est
essentielle. Par temps froid, pour compenser, il faut chauffer ou
aménager des niches mais surtout ne pas fermer la ventilation. La zone
de déjection sera généralement choisie par les porcs là où l’air froid
tombe au sol.
6) Des systèmes de barrières et de manipulation des animaux doivent
être prévus au départ. Il faut donner des soins, il faut peser, il
faut expédier. Généralement, des grands parcs avec beaucoup d’animaux
favorisent la gestion des espaces (repas, jeux, déjection). Les grands
parcs favorisent aussi les travaux mécanisés de reprise et de brassage
de la litière mais rendent plus difficiles les soins individuels aux
animaux. Des planchers de niveaux différents orientent aussi le choix
des zones de déjection (bas), d'alimentation (haut) et de repos
(moyen).
7) L’alimentation est un facteur clef. Comme la distribution
est à volonté, il est essentiel d’avoir la bonne formulation de moulée
pour le bon stade de croissance. Le porc est bien, il mange bien, il
sera souvent plus gras et donc un indice de classement un peu plus
faible à l'abattoir. Il croîtra cependant plus vite.
8) On ne le dira jamais assez, l’espace minimum par porc dans le
parc est de 12 pieds2 (1,1 mètre2). Des densités plus importantes
"gâchent la sauce". Attention aux coûts de bâtiment, plus de pieds
carrés par porc nécessitent une bâtisse dont le coût au pied carré est
moins cher.
9) L’orientation du bâtiment en fonction du vent et du soleil
paraît importante car on doit souvent ouvrir de grandes portes pour
l’accès des machineries qui servent au vidangeage et au brassage de la
litière, etc.
10) En bâtiment froid, les variations de température sont moins
importantes. La nécessité d’une présence fréquente du producteur et
l’importance de réduire les coûts d’investissement feront souvent
opter pour des contrôles manuels d’ambiance.
11) Même sur la litière, il ne faut être attentif au tout plein
tout vide, à l’effet néfaste du multi-sources, aux soins spéciaux aux
faibles et aux malades et à l’importance de la bonne génétique.
12) La technique choisie doit répondre au goût du producteur. La
qualité des équipements et installations doit permettre des conditions
de vies confortables pour le producteur.
CONCLUSION
La litière, ce n’est pas la seule solution, mais bien une
solution pour quelques producteurs. Chacun vit une situation, chacun
développe ses propres goûts, chacun établi ses
objectifs.