Pomme de terre, Avertissement No 11, 28 juillet 2023

Bon développement végétatif de la culture, sauf pour des secteurs du sud de la province. Maladies : 1ers  cas de mildiou en Mauricie et en Montérégie, conditions toujours très favorables au champignon; progression plutôt graduelle de la brûlure hâtive dans le sud de la province; cas de jambe noire en légère hausse; évolution variable d’autres pathogènes. Insectes : poursuite de l’activité du doryphore; faibles populations de la cicadelle de la pomme de terre; autres insectes peu problématiques.
 

CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES

Pour la période du 21 au 27 juillet, des conditions humides se sont poursuivies dans les régions du sud et du centre de la province en particulier. Les températures ont été estivales avec des mercures près ou un peu au-dessus des moyennes de saison, et à nouveau parfois plus élevées dans des régions plus au nord (ex. :  un pic à 30 °C au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le 24 juillet) (voir le sommaire agrométéorologique). Les cumuls de précipitations ont été hétérogènes dans les principaux secteurs de production de pommes de terre, survenant principalement les 21, 26 et 27 juillet. Des averses orageuses très localisées et à forte intensité (ex. : 62 mm à Saint-Germain-de-Grantham, 90 mm à Joliette et 102 mm à L’Acadie le 21 juillet) ont eu lieu. Cette situation explique les écarts avec les stations météo de références dans la collecte des données (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Pour la période du 28 juillet au 3 août, selon Environnement Canada, un front froid passera sur la province vendredi le 28 juillet en laissant des précipitations plus ou moins significatives selon le secteur. Par la suite, une chute du mercure à des valeurs sous les moyennes de saison est prévue, mais avec du temps généralement ensoleillé et plus sec.


DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

En général, les champs de pommes de terre présentent une belle croissance et une belle couleur dans plusieurs régions, sauf dans des secteurs où des précipitations récurrentes et significatives ont eu lieu (ex. : Lanaudière, Montérégie). En contrepartie, un début d’irrigation a été ou sera initié dans des secteurs du centre et de l’est de la province pour soutenir la bonne croissance des plants, si des précipitations significatives n’ont pas lieu ces jours-ci. Des cas d’asphyxie racinaire sont à nouveau rapportés à la hausse dans plusieurs régions, à la suite d’accumulation prolongée en eau dans des parcelles, avec des dommages permanents à la culture par endroits. La floraison semble s’étirer dans des parcelles de certains cultivars, et ce, en plusieurs endroits en province. Le remplissage des tubercules se fait bien et graduellement. Des collaborateurs de diverses régions rapportent une famille (nombre de tubercules/plant) dans la moyenne ou un peu en-dessous, selon le cultivar et la parcelle. Des lenticelles ouvertes sont encore observables sur des tubercules en lien avec un sol humide, sur une longue période. L’accès à certaines parcelles demeure difficile par endroits (ex. : Mauricie, Lanaudière), compliquant parfois les récoltes et/ou les pulvérisations. Les récoltes de primeurs se poursuivent dans les secteurs du sud de la province (avec un rendement plutôt moyen, mais une belle qualité) et débutent ou vont débuter sous peu, à plus grande échelle, dans le centre de la province.
 
 
MALADIES

Comme mentionné dans la récente Alerte du 26 juillet dernier, un 1er cas de mildiou de la pomme de terre est rapporté cette saison, soit en Mauricie, dans des parcelles en pommes de terre. Des plants de tomates et de pommes de terre de jardins résidentiels à proximité étaient aussi atteints. Depuis ce temps, deux autres cas se sont rajoutés en Montérégie. Les producteurs touchés sont présentement accompagnés par des intervenants en phytoprotection, afin de faire une bonne gestion des parcelles infestées. En présence de mildiou dans un champ, selon l’importance de l’infestation et le stade d’avancement de la culture, des options allant du défanage localisé (avec un produit homologué à cet effet) à un défanage généralisé de la parcelle sont envisagées. Dans le cas d’une intervention localisée, il faut également traiter une zone de 3 à 4 mètres autour des plants touchés. Ces plants en apparence sains peuvent être infectés. Cela peut prendre de 3 à 6 jours avant que des symptômes de la maladie deviennent visibles après une infection. Un suivi très rapproché est donc nécessaire dans cette situation.   

Les producteurs des secteurs visés par la présence confirmée du mildiou, mais aussi ailleurs en province, devraient intensifier le suivi de leurs champs pour détecter toute trace possible de la maladie, particulièrement en situation d’irrigation, de temps plus humide et de feuillage de plants encore vert. La sporulation du champignon est le plus souvent visible le matin. Une visite des jardins communautaires ou de particuliers en pommes de terre et en tomates à proximité devrait être envisagée.

Comme pour la semaine dernière et les précédentes, les risques de développement et de sporulation du champignon demeurent élevés dans plusieurs régions de la province (selon le modèle prévisionnel MILÉOS). On rappelle que même si les précipitations ont été ou seront moins importantes par endroits, des conditions d’humidité élevée (ex. : longue période de mouillure du feuillage, hygrométrie de l’air supérieure à 89 % la nuit sur une certaine période) favorisent le développement du champignon.

Une protection régulière devrait être maintenue en intégrant des produits phytosanitaires dit pénétrants ou systémiques (en rotation selon leur groupe chimique), en adaptant la fréquence d’application et le choix du produit selon les conditions météorologiques en cours et celles à venir.

Si vous suspectez la présence du mildiou dans votre région, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller agricole de la région.

Pour un suivi du mildiou avec l’utilisation des capteurs de spores, le lien Internet suivant est disponible, et montre les captures de spores dans différentes provinces : Alerte Air.

Pour en savoir plus sur le mildiou, consultez la fiche Le mildiou, une maladie à surveiller.

Le site Web USABlight ne rapporte pas de nouveau cas dans la dernière semaine, avec toujours un seul cas mentionné en Ontario (région de Simcoe). Le génotype en présence n’a pas encore été identifié.
 
Image Agri-Réseau

Taches de mildiou sur des feuilles de pomme de terre

Maxime Brière, 25 juillet 2023

Image Agri-Réseau

Taches de mildiou sur des feuilles de pomme de terre

Maxime Brière, 25 juillet 2023


La progression de la brûlure hâtive varie selon le secteur et la parcelle, mais a évolué lentement en général. Elle est plus présente dans des champs de primeurs ou en sénescence du sud de la province, avec des observations de taches dans l’étage médian de plants. Ailleurs en province, la maladie est rapportée présentement sous contrôle, avec même une absence dans plusieurs champs. D’autres taches foliaires dans l’étage du bas de plants sont observées par des collaborateurs, probablement associées avec un autre Alternaria (A. alternata) (voir photo).

Quelques nouveaux cas de jambe noire sont rapportés cette semaine. Ceux signalés depuis le début de la saison ont progressé par endroits, mais plutôt légèrement. On ne mentionne pas de tubercules touchés par cette maladie bactérienne pour le moment. Cependant, des débuts de pourritures de tubercules sont rapportés par des collaborateurs. Des analyses sont en cours.

La présence de la dartrose et du flétrissement verticillien, principalement en sols légers, est mentionnée par des collaborateurs, dans des secteurs plus au sud, mais encore à faible intensité. Davantage de cas de moisissure grise et un début de moisissure blanche sont signalés, avec des infections confinées présentement sur du feuillage dans le fond d’allées de parcelles plus végétatives ou à la suite de la chute de fleurs. Les cas de plants virosés rapportés dans quelques régions depuis le début de la saison présentent des symptômes plus visibles par endroits.
 
Image Agri-Réseau

Taches foliaires associées à une activité d'Alternaria alternata

Denis Giroux, agr. (RLIB) 25 juillet 2023


 
INSECTES

L’activité du doryphore de la pomme de terre demeure à surveiller. Dans les régions du sud et maintenant du centre, les adultes de la 2e génération sont de plus en plus présents par endroits, causant une défoliation en bordure de certains champs. Également, des larves apparaissent dans des parcelles des secteurs du sud de la province. Plus au nord, des larves de la 1re génération sont encore actives, nécessitant un suivi. Étant donné les populations qui varient grandement d’un champ à l’autre, un dépistage permet de déterminer si un contrôle est nécessaire ou non, en lien avec la date du défanage prévu et la quantité de biomasse foliaire en présence. On rappelle que si une intervention est requise pour des individus de la 2e génération, il faut opter pour un produit de contrôle de groupe chimique différent de celui utilisé lors du contrôle de la 1re génération.

Selon le piégeage effectué par des collaborateurs, les captures de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) demeurent encore faibles, avec moins de 10 individus/piège/semaine, sauf un peu plus localement comme en Outaouais. Peu d’activité nymphale et de symptômes associés à leur présence sont signalés pour le moment.  

Pour les autres ravageurs, leur activité demeure généralement faible un peu partout en province. On rapporte un peu plus d’activité du côté des altises à tête rouge dans Lanaudière et dans la Capitale-Nationale ainsi que des adultes de la punaise terne en Gaspésie, mais sous le seuil de nuisibilité retenu. Les populations de pucerons en zones semencières demeurent peu élevées mais ont augmenté légèrement par endroits en parcelles commerciales; un suivi est en cours. Le contrôle des larves de la pyrale du maïs est rapporté comme au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Aucun cas relié à la présence de tétranyques n’a encore été signalé depuis le début de la saison et aucune capture du psylle de la pomme de terre n’a eu lieu dans le cadre des activités de piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. 

 

Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.