La protection des cultures fourragères

Luc Couture , agr., Ph.D.
Chercheur en pathologie végétale
Agriculture et Agroalimentaire Canada, Sainte-Foy


Les ennemis des cultures fourragères, comme pour les autres plantes, se classent en trois grandes catégories: les maladies , les insectes et les mauvaises herbes . La pression des attaques par ces différentes nuisances fait en sorte de réduire la production et la qualité des fourrages, même si ce n'est pas toujours visible ou apparent. Voici donc un aperçu de ces trois grandes catégories d'ennemis ainsi qu'un exposé sur les moyens de lutte culturaux qui s'appliquent à l'ensemble de ces ennemis.  Les moyens de lutte culturaux sont des moyens de base qui suffisent dans bien des cas à obtenir des cultures fourragères en santé, telles l'exemple illustré ci-dessous.

Luzerne en champ

Peuplement de luzerne vigoureuse



Les maladies


Les maladies des plantes sont causées majoritairement par des champignons microscopiques.  D'autres agents tels des bactéries, des virus et des nématodes sont aussi responsables d'attaques chez les plantes.  Les maladies qui affectent les cultures fourragères sont traitées dans un
document distinct sur ce site web. On y retrouve un résumé descriptif des principales maladies rencontrées chez les graminées et les légumineuses fourragères au Québec ainsi que certains moyens de lutte spécifiques.  On pourra aussi consulter d'autres documents pertinents repérés dans la sous-section Maladies de la page Plantes fourragères du site web Agri-Réseau.

Les mesures culturales sont des moyens de lutte qui conviennent très bien aux plantes fourragères qu'on veut garder à l'abri des dégâts des maladies.  Quant aux traitements fongicides pour les maladies, ils se résument pratiquement aux seuls traitements de semences dont il est question ci-dessous .  Chez les plantes fourragères, les traitements en végétation avec des fongicides sont strictement réservés aux cultures destinées à la production de semences, ce qui est exceptionnel au Québec pour ces cultures. La production de semences fourragères au Canada est en effet largement concentrée dans les provinces des prairies.


Les insectes

Les insectes sont capables d'attaquer les plantes de différentes manières.  Ils peuvent dévorer des parties aériennes de plantes (insectes broyeurs), en sucer la sève (insectes piqueurs-suceurs), les dévorer par l'intérieur (oeufs pondus dans les tissus ou larves qui forent des galeries) ou attaquer les racines (insectes souterrains).  Un document spécifique aux cultures fourragères, adapté à la situation du Québec, sera éventuellement publié sur ce site web.  Voici des sources de renseignement sélectionnées pour vous orienter sur le sujet.

Identification

Pour l'identification des insectes rencontrés dans les cultures fourragères, on peut se référer aux guides et manuels suivants:

La sous-section Insectes de la page Plantes fourragères du site web Agri-Réseau propose aussi des liens à divers documents utiles recensés sur le web.  Finalement, on peut s'adresser au Laboratoire de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ (téléphone: 418-643-5027) qui fournit le service d'identification des insectes nuisibles aux cultures.

Moyens de lutte

Les divers traitements insecticides (chimiques et biologiques) recommandés chez les plantes fourragères au Québec sont consignés dans le document du CRAAQ suivant: « Répertoire des traitements de protection des cultures » (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, Québec, 2001. 300 pp.). On y retrouve des recommandations pour la lutte contre les insectes suivants:



Les mauvaises herbes

Les mauvaises herbes sont des plantes indésirables sur une terre cultivée.  Comme elles ocupent le même terrain que les plantes cultivées, les deux se livrent une lutte de compétition pour l'espace, l'eau, les éléments nutritifs, l'air et la lumière.  La présence de mauvaises herbes dans les cultures fourragères en diminue donc la production mais aussi la qualité.  Certaines sont en effet capables de diminuer l'appétence des fourrages pour le bétail alors que d'autres sont même directement responsables d'intoxications des animaux.  Ce dernier aspect est probablement sous-estimé dans la gestion des troupeaux.  En plus d'être une nuisance directe pour les cultures, les mauvaises herbes servent souvent de réservoirs d'insectes nuisibles et de maladies.

Tout comme pour les insectes, un document spécifique aux problèmes de mauvaises herbes dans les cultures fourragères, adapté à la situation du Québec, sera éventuellement publié sur ce site web.  Voici tout de même des sources de renseignement sélectionnées pour vous orienter sur ce sujet.

Identification
L'identification des mauvaises herbes particulières a fait l'objet d'un ouvrage du MAPAQ d'une remarquable qualité par C.J. Bouchard et R. Néron: « Guide d'identification des mauvaises herbes du Québec » paru en 1998. Dans ce petit manuel sont illustrées toutes les mauvaises herbes importantes au Québec, du stade plantule au stade adulte, à l'aide de photos couleurs très nettes.

On peut aussi faire appel au Laboratoire de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ (téléphone: 418-643-5027) qui offre un service d'identification des mauvaises herbes.

Moyens de lutte

Quant aux traitements herbicides recommandés dans les cultures fourragères au Québec, ils apparaissent dans la section Plantes fourragères du document du CRAAQ « Traitements herbicides - Grandes cultures » paru en 2000.  Des mises à jour périodiques en sont disponibles sur le site Agri-Réseau pour ceux qui possèdent un exemplaire du document.




Le rôle des pratiques culturales

Toutes les mesures culturales qui favorisent la bonne croissance des plantes contribuent à la protection de celles-ci contre leurs ennemis. La combinaison de plusieurs méthodes de lutte contre les ennemis des cultures peut renforcer l'action de chacune d'elles, prise isolément. À la base des principes de protection des plantes se trouvent les bonnes pratiques culturales, présumément connues de tous, mais qu'il faut sans cesse rappeler. Leur mise en oeuvre pourra éviter bien des maux de tête par la suite. En voici un aperçu
:


La rotation des cultures
Ce point est important en toutes circonstances mais davantage lorsque la culture fourragère a été dévastée par un problème parasitaire. La culture répétée de la même plante dans un champ favorise le développement des ennemis de cette culture alors que l'assolement avec d'autres cultures réduit les populations des mêmes ennemis, qu'ils soient maladies, insectes ou mauvaises herbes.  Par exemple, le millet perlé réduit les populations du nématode des lésions de racines qui cause des dommages à la phléole et aux trèfles.


Assainissement des champs
L'assainissement des sols englobe le draimage et l'aménagement de surface. Ces opérations visent à éliminer les excès d'eau en profondeur et en surface. Les dépressions de terrain sont particulièrerment nocives à la croissance des plantes. Comme les maladies de pourriture des racines affectionnent les sols gorgés d'eau, l'élimination des excès d'eau a des répercussions directes sur la santé des plantes.  De plus, certaines mauvaises herbes sont très bien adaptées aux excès d'eau dans le sol.

 
Liste des mesures culturales

Travail du sol
Le passage des divers instruments aratoires a pour effet de modifier la structure du sol, son humidité et sa température. Le bouleversement de ces conditions dérange de nombreux parasites, notamment les insectes dont les larves survivront alors plus difficilement en absence de plantes hôtes.  Les mauvaises herbes sont aussi décimées par les travaux du sol.


Propreté de la machinerie
Les opérations de culture devraient être réalisées avec de l'équipement exempt de souillures. Il faut éviter de transporter de la terre ou des débris végétaux d'un champ à un autre car c'est ainsi qu'on contamine des parcelles avec nombre de champignons, nématodes, larves d'insectes et graines de mauvaises herbes.
 
 
Liste des mesures culturales

Choix du cultivar
Lorsque de tels cultivars sont disponibles, il faut accorder la préférence aux cultivars résistants aux maladies et aux insectes. Ce moyen de prévention est à la fois le plus facile et le plus important moyen de lutte aux ennemis des cultures. Le choix de cultivars inconnus, non recommandés, comporte un grand risque de se retrouver avec une culture aux prises avec des problèmes parasitaires importants.  


Choix de la semence
Il va sans dire que seule la semence officiellement certifiée devrait être utilisée pour le semis des plantes fourragères, tout comme pour les autres grandes cultures. La certification garantit l'identité du cultivar et sa pureté ainsi qu'un minimum de qualité. Elles seront normalement presqu'exemptes de graines de mauvaises herbes.
 
 
Liste des mesures culturales

Traitement des semences
Quelques produits fongicides et insecticides sont disponibles pour le traitement des semences de plantes fourragères. Ces traitements protègent les plantules des attaques de champignons et d'insectes lors de la germination et de la levée. Ainsi l'établissement sera amélioré.


Inoculation des semences
Les semences de légumineuses peuvent être enrobées de bactéries fixatrices d'azote avant le semis. Ce point est très important lorsqu'on cultive une espèce de légumineuses pour la première fois dans un champ ou après plusieurs années d'autres cultures. Il faut prendre soin de choisir l'espèce d'inoculant spécifique à la légumineuse qu'on veut semer. Ces bactéries formeront sur les racines des nodosités qui fixent l'azote de l'air pour en nourrir la plante en continu. Les plantes bien nourries ont une meilleure aptitude à se défendre contre les attaques parasitaires.
 
 
Liste des mesures culturales

Saison du semis
Sur le plan de la protection des cultures, le semis de fin d'été est préférable à celui de printemps. En effet la compétition des mauvaises herbes est alors plus faible et les annuelles périront plus tard à l'occasion des premiers gels.


Fumures équilibrées
Il faut fertiliser les cultures selon les prescriptions établies en fonction de l'analyse des sols et des espèces fourragères en place. Les plantes qui recoivent ainsi une fertilisation optimale ont une meilleure production, sont plus compétitives aux mauvaises herbes et sont moins vulnérables aux maladies et insectes. Lorsque les fumures sont déséquilibrées, elles peuvent au contraire stimuler le développement de maladies et d'insectes.
 
 
Liste des mesures culturales

Régime de coupe
Il faut récolter les cultures fourragères sans tarder dès que le stade optimal de récolte est atteint dans le champ. Les récoltes précoces contribuent à prévenir plusieurs maladies foliaires, notamment celles qui causent la défoliation chez les légumineuses. Il ne faut toutefois pas récolter trop tôt car l'efficacité de la lutte contre certains insectes tels l'agromyze de la luzerne peut en être diminuée. Aussi, les récoltes prélevées à des moments inopportuns dans la saison induisent des stress favorables à l'intensification des maladies de racines.


Destruction des résidus et des mauvaises herbes
Après la récolte, les résidus de culture peuvent servir de substrat de conservation de nombreuses maladies et insectes. Aussi, tout en constituant elles-mêmes des nuisances, les mauvaises herbes peuvent servir de réservoir de plusieurs ennemis des cultures, notamment des virus. Pour ces raisons, la destruction des restes de plantes après la récolte finale constitue une mesure de protection sanitaire très utile.
 
 
Liste des mesures culturales

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Document mis à jour le 10 mars 2003