La production de blé biologique en France …. Vers une fragilisation de la filière ?

Christophe David

Institut Supérieur d'Agriculture Rhône-Alpes

31 place Bellecour

69288 LYON Cedex 02 France

[email protected]

Article soumis au colloque Agri-Vision blé à pain bio 01/2002 GRANBY (Québec)

 

Introduction

Longtemps limitée à une clientèle spécialisée, l'agriculture biologique a acquis ces dernières années une image favorable auprès de la population Européenne. En effet, les crises alimentaires répétées (vache folle, dioxine…) et l'introduction d'organismes génétiquement modifiées ont conduit de nombreux consommateurs à se tourner vers des produits issus de l'agriculture biologique. L'augmentation de la demande attire les acteurs de la grande distribution dont l'implication contribue à l'élargissement de la clientèle (Allard et al, 2000).La filière des céréales biologiques destinées à la consommation humaine domine largement le secteur de la transformation en occupant 40% du marché (Le Floc'h-Wadel, Sylvander, 2000). Malgré un marché particulièrement favorable, la conversion des systèmes céréaliers ne s'effectue pas sans peine. Au risque social (marginalisation, abandon des structures d'aide et de conseil,…) s'ajoute une incertitude économique inféodée à de nouvelles contraintes : manque de références techniques, encadrement limité, accroissement du temps de travail et d'observation, demande de sécurité alimentaire et garantie de qualité émanant de l'aval. Les conditions et contraintes de production du blé biologique en France sont une illustration du contexte actuel auquel se trouvent confrontés les céréaliers biologiques.

 

1.      Eléments de contexte

11 le développement de l'agriculture biologique en Europe

Au cours des cinq dernières années, la consommation Européenne de produits biologiques a connu une croissance annuelle proche de 20%. Face à une telle demande, la production biologique progresse à un rythme équivalent [1] (Lampkin, 2000). Néanmoins, ces chiffres cachent des disparités importantes entre les pays (figure 1), certains pratiquent l'agriculture biologique sur 3 à 10% de leur SAU (Italie, Autriche, Danemark) alors que d'autres comme la France sont à moins de 2%.

Bien que le marché des produits biologiques demeure restreint[2], l'application en France du plan annuel de développement de l'agriculture biologique (Helfter, 2000) joint à l'augmentation des aides par l'intermédiaire des contrats territoriaux d'exploitation facilite la conversion à l'agriculture biologique des systèmes de production. L'agriculture biologique Française représente actuellement 9000 exploitations et 371 000 hectares, soit 1,3% de l'ensemble des exploitants (Agreste, 2001), ce qui est encore très loin des 5% visés à l'horizon 2005. Par conséquent, la production française ne permet pas de satisfaire la demande d'où des importations plus ou moins fortes (de 20 à 60%) selon les filières, associées à des risques de fraudes.

 

12 Place des productions céréalières biologiques

Depuis 1996, le développement de la production biologique en France s'est caractérisée par une augmentation annuelle de plus de 40% des productions animales, et plus particulièrement des ateliers avicoles et porcins en réaction à la crise de la vache folle (figure 2). Parallèlement, les surfaces en grandes cultures ont progressé de façon moins rapide (figure 3) d'où de fortes importations en matières premières pour l'alimentation animale. Toutefois, l'année 2000 se caractérise par un ralentissement dans la croissance des productions animales notamment suite à l'entrée en vigueur en août 2000 de la réglementation Européenne sur les productions animales qui rend quasi impossible le développement des ateliers hors-sol. De même, la croissance des surfaces en céréales et oléo-protéagineux bio (+24%) a été plus rapide que celle des surfaces fourragères du fait de la forte revalorisation des aides à la conversion des céréales, évoluant en 2000 de 512 $CA à 1707 $CA sur la période de conversion. Après plusieurs années de déficit, on note un certain rééquilibrage entre productions animales et végétales bio, dont l'objectif est d'assurer une meilleure couverture nationale des besoins en matières premières pour l'alimentation des animaux. Toutefois, le maintien d'une demande en forte croissance et l'ouverture du marché des productions bio à l'échelle Européenne laisse présager de nouvelles importations de céréales mais aussi de produits animaux à plus forte valeur ajoutée (ex. viande bovine).

Depuis septembre 2001, la suppression des frais de douane imposés aux produits issus de l'Europe de l'Est en voie d'intégration dans l'Union Européenne renforce la crainte d'importations importantes de céréales. Selon Viaux et al, (2000) des pays comme la Hongrie pourrait, dans un avenir proche, fournir du blé bio panifiable en grande quantité à un prix de vente de 300 $CA/t alors que le prix national moyen est actuellement de 400 $CA/t (cf. §43). La réglementation Française liée au logo AB (autorisation d'apposer ce logo sur les produits destinés à la consommation humaine) interdit actuellement l'utilisation de produits extérieurs à l'Union Européenne. Mais compte tenu du déficit en production à l'échelle Européenne, cette condition paraît fragile dans le cas des pays en voie d'intégration.

Dans un tel contexte économique, est-il possible d'envisager un développement durable de la production de blé bio en France ? Comment différencier et garantir la qualité des blés biologiques français ?

 

2.      La filière blé tendre biologique en France

21 L'évolution des surfaces

Les céréales biologiques en France (blé tendre, blé dur, orge, triticale) représentent le plus faible taux de croissance des productions céréalières et fourragères avec un taux de croissance moyen de 23% (figure 3). La raison principale tient au faible taux de conversion des systèmes céréaliers sans élevage. Les régions de l'Ouest et du Sud-Est de la France, où le développement de l'agriculture biologique est important, (figure 4) sont des secteurs où les systèmes de polyculture élevage sont dominants. Les régions céréalières (Bassin parisien et Est de la France) présentent, quant à elle, un taux réduit de conversion de par l'absence de structures de développement et d'approvisionnement "relais", la concurrence avec des productions spécialisées à forte valeur ajoutée (betterave, pomme de terre,…) et le maintien d'un certain rejet social de cette agriculture alternative face à un système conventionnel dominant.

Par conséquent, la collecte des céréales bio s'effectue dans des zones différentes des grandes régions céréalières conventionnelles. Le différentiel en potentiel de production entre les pratiques biologiques et conventionnelles semble plus faible dans ces régions (évalué à moins 20-30%), la présence d'élevage à proximité facilite les transferts de matières organiques entre exploitations, les structures de développement et associations sont présentes pour appuyer les agriculteurs en conversion, …voici tout un ensemble de facteurs qui facilite les conversions.

 

Trois marchés se distinguent par leur poids sur les filières et leurs perspectives d'avenir : le blé tendre, le maïs et le tournesol. Ils réalisent à eux seuls près de 50% des tonnages produits alors qu'ils représentent 62% du marché des céréales et oléo-protéagineux biologiques (ONIC, 2000a). Dans les exploitations céréalières sans élevage, le blé tendre constitue la culture principale dans la rotation, compte tenu de sa bonne valorisation (cf. §4) au regard des cultures destinées à l'alimentation animale (maïs et tournesol [3]). Il couvre environ 40 % de la sole céréalière biologique cultivée en France (figure 5) et représente 41% de la demande en produits céréaliers (cf. tableau 1).

Tableau 1 Bilan de la production en céréales biologiques

En 1000 t

Production

Importation

Total

Taux couverture en %

Blé tendre

34.5

52.5

87

60

Dont alim humaine

27

30

57

53

Dont alim animale

7.5

22.5

30

75

TOTAL céréales (1)

72.8

94

166.8

56

Oléoprotéagineux (2)

15.3

18.2

33.6

54

TOTAL (1+2)

100.5

112.2

212.7

53

Source ONIC 2000a

 

22. La filière blé tendre, un marché en forte dépendance

La production nationale d'environ 35000 tonnes permet de couvrir 40% des besoins nationaux, le reste des tonnages étant assuré par l'importation. L'Italie et l'Allemagne sont les deux principaux pays d'origine du blé bio importé, suivis de la Hollande, la Finlande, la Hongrie et la Slovaquie. Les importations se font préférentiellement en provenance des pays limitrophes dont la demande nationale est couverte. Toutefois, l'accroissement de la demande en Europe conduit à diversifier les sources d'approvisionnement et augmente, par conséquent, les prix d'achat par l'accroissement des coûts de transport. Par ailleurs, l'arrivée récente de blés en provenance des pays d'Europe de l'Est conduit à quelques réserves quant à l'équivalence des cahiers des charges. Bien que la réglementation soit équivalente en Europe depuis 1991 (Reg. EU 2092/91), les principes et rigueurs des contrôles dépendent des certificateurs. En outre, l'importation de céréales biologiques est actuellement contrôlée par quelques négociants qui imposent aux meuniers des prix à la hausse, notamment pour les blés améliorants (prix moyen 530 $CA /tonne).

En termes de marché, l'alimentation humaine représente les plus gros débouchés avec 66% des tonnages. Cependant c'est la filière animale qui progresse le plus vite aggravant le déficit constaté. En effet, le manque de céréales secondaires (triticale, avoine) conduit à une autoconsommation importante du blé sur les exploitations de polyculture-élevage (plus de 60%).

 

23 Un réseau de collecte qui se développe

Parmi les 138 collecteurs recensés et agréés en 2000, 49 moulins et 31 coopératives sont des collecteurs de blé biologique. Par rapport à la campagne précédente, 29 collecteurs supplémentaires ont été identifiés; la collecte est alors plus facile dans les secteurs de production suite à l'implication des organismes coopératifs de stockage. A l'inverse, cette évolution récente renforce, dans certains cas, la concurrence sur un secteur où les approvisionnements sont limités, ce qui peut expliquer l'augmentation récente des prix de vente des producteurs (cf. §4). Au niveau des producteurs, la collecte a été facilitée, le stockage n'étant plus nécessaire sur la ferme, certaines exploitations de taille moyenne (moins de 60 hectares) se sont converties à l'agriculture biologique.

 

24 La minoterie point central de la filière

L'essentiel des volumes destinés à l'alimentation humaine converge vers la minoterie. Seuls les sous-produits (sons et issues) sont valorisés dans la filière alimentation animale. De même, on note une faible proportion de produits élaborés (soit 6 000 tonnes en équivalent blé sous forme de muesli, biscuits…). Le secteur de la minoterie Française est représenté par un nombre important de petites structures (60 environ) à l'inverse des autres pays Européens où seules 2 à 3 structures gèrent l'ensemble du marché (cas du Royaume Uni et du Danemark). Ces minoteries, traditionnellement ancrées dans le secteur de la bio[4] , transforment de petites quantités soit en moyenne 1000 tonnes par an (Degas et al, 2001). Suite aux récentes difficultés d'approvisionnement, elles ont parfois développé un secteur meunier complémentaire (ex. farine issue de l'agriculture raisonnée, farine de terroir) ou diversifié leur activité (ex. développement d'un secteur alimentation animale). Par ailleurs, les difficultés d'approvisionnement ont limité les groupes meuniers conventionnels à s'intéresser à ce secteur d'où une moindre concurrence due à une bonne répartition des structures sur le territoire Français.

Parmi les débouchés des minotiers, la boulangerie artisanale (1000 magasins certifiés auxquels s'ajoutent 2 à 3000 boutiques non certifiées) incorporent 30 000 tonnes en équivalent blé, tandis que 12 boulangeries industrielles absorbent 6 000 tonnes en équivalent blé (ONIC, 2000c). La commercialisation s'effectue, soit de façon directe, soit par l'intermédiaire de distributeurs spécialisés (ex. réseau BIOCOOP) proportionnellement en régression. En effet, les dernières études de marché mettent en évidence un élargissement de la clientèle et une plus forte fidélisation de celle-ci dans le secteur de la boulangerie. Parallèlement, certains groupes d'hypermarché ont mis en place des filières bio, traitant à l'heure actuelle 12000 tonnes en équivalent blé, où la clientèle est plus occasionnelle (tableau 2).

Tableau 2. Les débouchés du blé meunier

Les débouchés Ref 1999

En %

Boulangeries Industrielles

10

Boulangeries Artisanales

50

Floconnerie

2

Hypermarchés

20

Industries agro-alimentaires

10

Divers

8

Source ONIC 2000c

L'élargissement des débouchés conduit à une multiplication des contraintes et exigences imposées aux minotiers (traçabilité, qualité technologique). Confrontés à une production éparpillée géographiquement, aux approvisionnements limités en volume et de qualité irrégulière, ainsi qu'à l'augmentation des prix des blés importés, les minotiers et autres transformateurs de la filière ont de plus en plus de difficultés à rentabiliser leur outil de production. Par exemple, un minotier de la région Rhône-Alpes est en contrat avec plus de 20 producteurs et 25 boulangers et magasins spécialisés pour assurer la production de 2 000 tonnes de farines équivalent blé par an. L'absence de garanties et engagements à long terme des producteurs, situés dans un contexte de prix élevé, fait face à une demande de la part des minotiers d'une plus grande sécurité de leurs approvisionnements. On voit alors apparaître des contrats de production garantissant la relation entre l'agriculteur, le collecteur et le meunier. Enfin, il convient de noter le décalage entre la présence de collecteurs et minotiers sur l'ensemble du territoire Français (figure 6) et la relative concentration de la production de blé bio (figure 4). Par conséquent, l'apparition de concurrence à l'échelle locale, dans les situations où ni les producteurs ni les collecteurs se sont organisés collectivement, conduit à une forte pression sur les prix à la hausse mais aussi parfois à la baisse (cas du micro-marché de la boulangerie de proximité).

 

3 Production de blé biologique et contraintes techniques

La production de blé bio en France est confrontée à de nombreux difficultés techniques conduisant à une limitation des rendements (rendement moyen en blé : 3,6 T/ha), à de faibles teneurs en protéines (égale en moyenne à 10%) et surtout à une forte variabilité des résultats. La présence et le type de difficultés techniques rencontrées dépend avant tout des systèmes céréaliers présents.

 

31 Les systèmes de cultures céréaliers

On identifie en France environ 2000 exploitations produisant des céréales dont le blé. Ces exploitations cultivent 29000 hectares de céréales bio en 1999, soit près de 15 hectares par producteur, contre environ 26 hectares pour les producteurs conventionnels. En outre, on note une grande diversité dans les systèmes de production: plus de la moitié des exploitations produisent moins de 10 hectares de céréales biologiques. En revanche, 1/3 de la sole en céréales est concentrée dans 5% des exploitations. Au travers de cette diversité à l'échelle du territoire, on retrouve les 4 principaux systèmes de production de céréales présents en Europe.


 

Tableau 3. Principales caractéristiques des systèmes céréaliers Européens  (David, 2000)

 

Rotation

Nutrition

 

azotée

 

 

% Légumineuses ou engrais vert

Apports d’azote sur blé

Les systèmes mixtes

- 50 % légumineuses fourragères

- 50 % Céréales

40 - 50 %

Non

Les systèmes céréaliers d’Europe du Nord

- 40 % Céréales

- 20 % Pomme de terre ou betterave

- 20% protéagineux

< 30 %

Oui

0 - 80 u N/ha

Les systèmes céréaliers méditerranéens

-<30% légumineuses à graines

- 40% Céréales

< 30 %

Oui

0 - 150 u N/ha

Les systèmes extensifs

- 40 % Céréales

- 20 % Pomme de terre ou betterave

< 20 %

Oui

0-50 u N/ha

1)   Les systèmes mixtes, présents en Europe de l’Ouest, sont issus d’exploitations de polyculture-élevage, où la part des cultures fourragères et/ou des engrais verts est importante. L’équilibre économique est assuré grâce à de faibles dépenses (coût de fertilisation nul), à la présence de cultures de ventes rémunératrices (principalement le blé meunier panifiable) et au maintien, dans certains cas, d’un atelier d’élevage qui permet de valoriser les céréales secondaires (Watson CA et al, 1999). Ces exploitations présentes dans l'Ouest de la France ont des rotations qui peuvent aller jusqu'à 8 ans du fait de l'implantation de légumineuses fourragères et/ou prairies temporaires (Ghesquière P, 1996) .

2)   Les systèmes céréaliers d’Europe du Nord

Ces systèmes ont suivi, dans une moindre mesure, le processus d’intensification observé en agriculture conventionnelle notamment grâce à l’utilisation, d’une part, d’effluents issus d’élevage conventionnel (fientes de poules), et, d’autre part, de sous produits de l’industrie (ex vinasse de betterave) et/ou de déchets verts certifiés. Les rotations sont courtes (4-5ans), associant dans le temps des cultures de rente (ex pomme de terre, betterave), des céréales mais aussi des légumineuses fourragères bisannuelles (ex. trèfle) ou des protéagineux (féverole, pois). Ces dernières permettent d’enrichir le sol en éléments minéraux (azote, phosphore) et de les restituer aux cultures suivantes. Certaines exploitations de grande taille (plus de 150 hectares) converties plus récemment, continuent à exploiter une partie de leurs cultures en production conventionnelle d'où des problèmes d'identification des cultures bio et conventionnelles [5].

3) Les systèmes céréaliers méditerranéens

Les évolutions de la politique agricole commune Européenne, survenue en 1992, favorisant les cultures irriguées (dont notamment les oléo-protéagineux) par l'obtention de primes élevées (1050 $CA/hectare), associées à la prise de conscience de l’intérêt économique de l’agriculture biologique ont crée un contexte favorable au développement des systèmes céréaliers en Europe du Sud. Les légumineuses à graines et, dans certains cas, les espèces fourragères semées en inter-rang dans les cultures de printemps assurent un apport d’azote dans la rotation. Les oléo-protéagineux et les céréales secondaires, destinées à l’alimentation animale, sont préférées au dépens des céréales panifiables. La production de blés meuniers est souvent associée à une relative intensification grâce, d’une part, à l’irrigation et, d’autre part, à des importations d’effluents et d’engrais organiques. Ces systèmes sont présents dans le Sud-Est de la France où l'irrigation est principalement orientée vers les cultures de printemps. La production de blé fait alors face à de fréquents déficits hydriques et azotées. On note dans certains cas la présence de blés de printemps absents dans les autres systèmes.

4) Les systèmes céraliers d’Europe de l’Est

Plus récemment, sont apparus en Europe de l’Est des grandes exploitations céréalières (> 150 hectares) où l’équilibre technico-économique est assuré grâce à une faible utilisation des intrants suite à la présence d’élevage, l’utilisation de main d’œuvre à faible coût et la présence de conditions pédo-climatiques favorables. La majeure partie de la production est exporté vers les pays d’Europe de l’Ouest, suite à de faibles coûts de production (Guillonnet & Maisons, 1999). Les blés sont caractérisés par des teneurs en protéines élevés (>12%) compte tenu des conditions de sol favorables (sol argilo-calcaire à forte teneur en matière organique) et des faibles niveau de rendement (de 1,5 à 2,5 T/ha).

 

32 La maîtrise de la nutrition azotée

En système céréalier biologique, l’azote est un facteur limitant du rendement expliquant largement la variabilité des résultats. La nutrition azotée est gérée selon deux modes :

               - le premier consiste à augmenter les fournitures du sol par l'introduction dans la rotation de cultures pièges ou fixatrices d'azote (engrais verts, légumineuses, cultures intercalaires),

               - le second consiste à apporter des fertilisants et/ou amendements organiques. Les fumiers et composts seront apportés à l'automne avant ou après labour, ils permettront d’assurer un apport régulier d’azote à la plante tout en garantissant l’entretien humique du sol ; les engrais organiques (ex : guano, vinasse, farine de plumes, sang…), rapidement minéralisables, seront apportés au printemps, en surface afin de couvrir les forts besoins instantanés.

La difficulté pour ajuster la fertilisation tient, en premier lieu, au manque d’appréciation de la cinétique de minéralisation de l’azote issu du sol et des amendements apportés (David et al, 1999). Par ailleurs, le décalage entre la minéralisation lente issue des amendements organiques et les besoins instantanés importants du blé conduit à une mauvaise utilisation de l’azote potentiellement disponible.

Dans les exploitations sans élevage, la maîtrise de l'alimentation azotée est plus difficile du fait :

               - de l'absence d'effluents d'élevage sur l'exploitation,

               - de la réduction de la part des légumineuses fourragères dans la rotation,

- du coût élevé des engrais organiques (supérieur à 5 $CA/unité d'azote).

Les besoins des cultures ne peuvent être couverts que par des apports extérieurs ce qui conduit à de fortes déficiences azotées limitant les rendements mais aussi la qualité des céréales.

Les recherches menées, d’une part, sur la contribution azotée des légumineuses fourragères, et d’autre part, sur le rôle des amendements (fumiers et composts), ont principalement intéressé les systèmes mixtes (Köpke, 1999). Les travaux sur le rôle des légumineuses à graines (Pois et féverole in Corre, 2001), des engrais verts et des cultures associées (Clements et Donaldson, 1997), ont permis de diversifier les rotations céréalières par l'introduction de nouvelles cultures favorisant l’apport d’azote par la rotation. Enfin, des solutions techniques locales, telles que la mise en place d’unités de déshydratation de la luzerne, permettent de valoriser plus facilement les légumineuses fourragères inclues dans la rotation.

Parallèlement, les expérimentations menées en France sur la fertilisation de printemps du blé biologique conduisent à des résultats très contrastés. Les engrais organiques sont plus ou moins bien valorisés selon la nature de l’engrais (composition différente d’un type et/ou d’un lot à un autre), les conditions d’épandage mais aussi le statut de la parcelle (nature du sol, teneur en matière organique, précédent...). Le suivi, sur une quinzaine de parcelles d'agriculteurs, de diverses stratégies d'apport d'azote au printemps (engrais organiques utilisés : guano, farine de plumes et fientes de poules) met en évidence une faible efficacité de l'apport (faible part d'azote utilisé par la plante comparé à la dose apportée) suite à des apports trop précoces et à d'importantes pertes par volatilisation (Figure 7).A l'inverse, on note que seul des apports au printemps garantissent, dans nos conditions, l'amélioration des teneurs en protéines. Ainsi, les travaux de recherche en cours (David, 1999) ont pour but de proposer un outil d'aide à la décision permettant aux agriculteurs de définir des stratégies de fertilisation garantissant une optimisation de la marge brute au travers d'une amélioration de la productivité et de la qualité des blés (par une augmentation de la teneur en protéines).

 

33.   La concurrence par les adventices

En agriculture biologique, le contrôle des adventices est la résultante d’une combinaison judicieuse d’un ensemble de pratiques alternatives au désherbage chimique. Celles-ci ne consistent pas seulement à éliminer les adventices déjà présentes (lutte curative) mais d’abord à limiter la pression des mauvaises herbes sur la rotation (lutte préventive).

Parmi les méthodes de lutte préventive, on peut citer :

r                          le choix des espèces dans la rotation

L’alternance des cultures et la présence d’espèces fourragères pluriannuelles contribuent à un meilleur contrôle des adventices (Gesquiere, 1995). En système céréalier, la faible proportion de légumineuses fourragères conduit à une augmentation des adventices annuelles et à l’apparition d’espèces dominantes (David, 1996). Les cultures à faible taux de couverture en phase végétative (ex tournesol) ne peuvent assurer un contrôle efficace des adventices par ombrage. Dans des conditions d’alimentation hydrique satisfaisante, l’introduction de cultures intercalaires (ex : légumineuses, crucifères) ou de semis sous couvert permet alors de couvrir l’inter-rang (Jobin et Douville, 1993).

r                          L’effet des travaux culturaux

Chaque intervention mécanique (labour, outils de reprise) provoque de nouvelles émergences en positionnant un nouveau lot de semences en surface et en modifiant les conditions ambiantes de la couche arable (réhumectation, modification de la structure interne). Selon Leblanc et Cloutier (1993), la technique du faux semis permet une réduction de 67% du stock d’adventices annuelles automnales. Toutefois, il convient d’effectuer ces travaux dans des conditions de ressuyage optimal. En effet, la présence de conditions agronomiques dégradées en système céréalier favorise l’apparition d’espèces vivaces (ex : chiendent). Les techniques simplifiées sans labour permettent d'éviter l'émergence en surface d'espèces annuelles. A l'inverse, ces techniques semblent favoriser la prédominance de certaines espèces vivaces (ex. cirscium arvense).

r                          Les pratiques de désherbage

Ces méthodes (mécanique ou thermique) permettent un contrôle des adventices sur l’année ce grâce à l’amélioration des outils de désherbage et à la détermination des périodes et conditions optimales de passage. Même si il est périlleux de donner un itinéraire technique de désherbage commun à toutes les situations, A. Rodriguez (2001) défini deux périodes optimales de passage dans la culture: le premier au stade 3 feuilles du blé avec une agression minimale des outils , le second au tallage avec une agressivité modulée selon le stade des adventices et l'état d'enracinement du blé. Dans les cas de fortes infestations et si les conditions pédo-climatiques le permettent, il est possible de passer la herse étrille entre le semis et la levée. Ce passage à l'aveugle est très délicat mais très efficace sur des plantes en phase de germination dans les premiers centimètres. Le contrôle des espèces vivaces (Cirscium arvense, Agropyron repens) et/ou de certaines graminées (Avena fatua) restent le problème majeur, notamment dans le cas de rotations céréalières courtes. Les graminées à levées échelonnées et à germination profonde possible sont très peu affectées par la herse étrille. Leur contrôle ne peut être assuré qu'avec un blé biné semé à grand écartement (30-40cm). Les vivaces sont quant à elles maîtrisées au travers de la rotation et des travaux culturaux en profondeur (sous-solage).

34.    Le contrôle des ravageurs et des maladies cryptogamiques

r                          Le contrôle des ravageurs

La réglementation européenne autorise l'utilisation de substances d'origine végétale et d'extraits de plante, dont les principaux sont la roténone et les pyréthrines afin d'agir sur certains insectes nuisibles (pucerons, chenilles). Leur manque de sélectivité rend leur utilisation dangereuse pour les populations auxiliaires (ex coccinelles, hyménoptère Edovum puttleri). En outre, leur efficacité sur les pucerons est largement mise en doute (Taupier-Letage B, 2001) . Une expertise est actuellement en cours pour évaluer les risques encourus lors de la pulvérisation de ce type de produits. L’usage de répulsifs et/ou fongicides d'origine naturel (ex : purin d’ortie) reste rare en production céréalière ; les pulvérisations doivent être fréquentes pour une efficacité limitée.

r                      Résistance contre les maladies

Dans le cas de rotation longue, la diversité des cultures permet de rompre le cycle des champignons pathogènes responsables de certaines maladies de pied. La spécialisation des systèmes céréaliers peut conduire à renforcer la présence du blé dans la rotation et augmente par conséquent, le risque de contamination du sol par les agents pathogènes.

Le choix de variétés résistantes (Largo, 2001) et les mélanges variétaux (Vallavielle-Pope et al, 2001) sont les techniques les plus efficaces pour limiter les maladies du feuillage (rouille, oidium, septoriose..). En effet, l’absence de produits de contact efficaces renforce la nécessité de diversifier les rotations en évitant les cultures hôtes. La disposition des cultures dans l’assolement permet d’éviter la transmission des maladies d’une culture à l’autre (ex . risque de transmission de l’oidium de l’orge d’hiver au blé). Enfin, les mélanges de variétés de résistances complémentaires (12% de la sole céréalière Française est semée en mélange) permettent de limiter la pression des maladies foliaires.

L'utilisation de cuivre et d'huiles minérales est autorisée jusqu'au 31 mars 2002 compte tenu du risque de toxicité survenue sur certaines productions (ex. vigne). L'alternative est le développement de programmes de recherche Européen sur les alternatives à l'utilisation du cuivre afin de garantir la lutte contre certaines maladies spécifiques (le mildiou de la pomme de terre et/ou de la vigne) (Monnet Y, 2001).

35. L’amélioration des conditions agronomiques

En agriculture biologique, l’absence de produits systémiques pour lutter contres les adventices est compensée par des interventions mécaniques régulières. Le passage répété des outils de travail du sol, de désherbage et d’épandage conduit, en conditions pédo-climatiques défavorables, à la dégradation de l’état physique et biologique des sols (David, Gautronneau, 2002). En production céréalière, l’optimisation des techniques culturales (travail du sol, désherbage, apport de matière organique), passe par une meilleure prise en compte des "jours disponible" ou le ressuyage des sols permet d'éviter la dégradation des sols.

 

 

4. Rentabilité de la culture de blé biologique

 

41 les prix payés au producteur

La filière blé bio se caractérise par des prix payés aux producteurs élevés (de 266 à 480 $CA/tonne – figure 9) en comparaison des autres céréales [6]. Le différentiel de prix entre les blés biologiques et conventionnels est au minimum de 200% ce qui compense largement la perte de rendement équivalente de 30 à 60% selon les conditions pédo-climatiques et culturales. Ce différentiel de prix, en moyenne de 100%, est très différent selon les pays Européens (Offermann, Nieberg, 2000); l'Italie montre un différentiel de 20% alors que l'Allemagne, l'Autriche et la France ont des différentiels proches de 200%.

De même, les prix à la vente sont fortement influencés par les circuits de commercialisation (tableau 4). Alors que la vente directe auprès des boulangers est fortement rémunératrice (635 $CA), la vente auprès de la grande distribution est plus difficile (350 $CA), sentiment renforcé par l'existence de cahiers des charges imposant la traçabilité totale du process de production (absence de résidus de pesticides, tenue d'un cahier de culture, exigence de qualité boulangère minimum). Par ailleurs, on note une évolution régulière des modes de distribution; Alors que les filières biologiques étaient traditionnellement caractérisées par des relations directes entre producteurs et transformateurs (boulangers dans la filière pain), on voit se développer les intermédiaires (coopératives & meuniers). Ceci a pour conséquence de nouveaux transferts de valeur ajoutée au sein des différents maillons de la filière.

 

Tableau 4 Prix du blé bio selon les modes de distribution (données 1996 en $CA)

Prix en $CA/Tonne

Vente directe

 & boulangers

Magasins spécialisés

Meuniers & grande distribution

Suisse

1964-3393

1786-2857

1044

Allemagne

1078

812

491

France

636

 

350

Suède

364

267

195

Part des différents créneaux

2-5%

0-20%

50-95%

In Offermann & Nieberg, 2000

 

La rentabilité de la filière est actuellement garantie par des prix de vente élevés. Bien que le différentiel de prix, ait diminué ces dix dernières années (figure 10), celui-ci est compris entre 60 et 150% selon les circuits de distribution. La vente sur les marchés de proximité (boulangerie spécialisée, marché) garantie les prix de vente les plus élevés (+150%), à l'inverse les volumes sont limités. La grande distribution, quant à elle, envisage de commercialiser les produits bio en respectant un différentiel avec les produits conventionnels proche de 40-60%.

 

42 Estimation des marges nettes en céréales

La gestion financière d’une exploitation céréalière doit prendre en considération la part de cultures non ou faiblement rémunérées (engrais verts, cultures fourragères) mais aussi la proportion de cultures où la récolte est limitée voire impossible, suite à de mauvaises conditions climatiques et à des problèmes techniques. Par ailleurs, l’absence d’élevage sur l’exploitation induit une augmentation des coûts de fertilisation et, dans certaines situations, des coûts de désherbage (par une augmentation de la flore adventice). La rentabilité de la culture de blé doit alors être étudiée au regard de celle obtenue sur l'ensemble des cultures.

Selon la synthèse effectuée par Offermann et Nieberg (2000), les marges nettes en exploitations céréalières biologiques sont plus élevés que sur les exploitations conventionnelles similaires. Bien que les coûts de main d'œuvre soient plus importants (+120%), la diminution des coûts variables (suite à l'absence de produits de traitements) et l'obtention de prix de vente élevé garantie l'obtention de profits importants évalués à 150% en moyenne (tableau 5). La différence observée entre pays est principalement induite par un différentiel de prix plus ou moins important; faible dans les pays scandinaves [7]et important dans les autres pays.


 

Tableau 5 Profit des exploitations céréalières (données 1994-1998 en $CA/ha)

 

Nb de fermes

Profit BIO en $CA/ha

Profit CONV en $CA/ha

Différentiel

Hollande

7

2703

1408

192

Royaume Uni

12

599

453

132

Allemagne

122

1353

717

188

Finlande

6

577

665

87

Danemark

26

696

526

132

In Offermann & Nieberg, 2000

 

En France, les travaux de Guillonnet & Maisons (1999) sur l'intérêt de la culture de blé dans des exploitations de polyculture-élevage mettent en évidence que la production biologique permet de rentabiliser la production de céréales dans ces systèmes où elle n'est pas dominante (figure 11). Si l'on se réfère à des exploitations céréalières pourvue d'une bonne maîtrise technique, la marge nette est en moyenne de 1250 $CA/ha (Trouilloud, 2001).

 

43 Vers une évolution du contexte économique

Ø      L’amélioration de la qualité… une nécessité ?

L’exigence accrue des consommateurs et l’émergence de nouvelles formes d’agriculture respectueuses de l’environnement (ex. agriculture intégrée, raisonnée) vont conduire les producteurs biologiques à améliorer la qualité des produits (ex. propreté des lots, qualité technologique), mais aussi à garantir certains résultats tels que la préservation de l’environnement (ex. contrôle des pollutions, aménagement de l’espace), afin, d’une part, de différencier ce mode de production et, d’autre part, de justifier les surcoûts. Selon Bellon et al, (1999) l'agriculture biologique doit transiter d'une obligation de moyens à une maîtrise des résultats ce qui conduit à terme à une évolution significative des cahiers des charges.

Le choix des variétés de blé utilisées en agriculture biologique met en évidence la recherche prioritaire de qualité boulangère (ONIC, 2000b). En effet, 97% des surfaces cultivées en agriculture biologique sont des variétés panifiables contre 70% en agriculture conventionnelle. Néanmoins, la présence de fréquents déficits azotés auquel se rajoute le manque de références techniques conduit à produire des blés de qualité boulangère moyenne. Les travaux menés actuellement ont pour but, d'une part, de garantir la sécurité du produit (limitation du risque de contamination par les produits phytosanitaires environnants et mycotoxines) et d'autre part, d'améliorer la qualité nutritionnelle et technologique des blés biologiques.

Ø      Le maintien des prix…….. mythe ou réalité

A court terme, la conversion des exploitations d'élevage joint au maintien d'une demande de la part des consommateurs en croissance va garantir un maintien des prix. A moyen terme, l’arrivée de nouveaux producteurs, l’augmentation des importations, et l’implication de la grande distribution font craindre une évolution des prix à la baisse. De nos jours, l’agriculteur français valorise son blé biologique (200% en moyenne) bien au dessus de certains collègues Européens alors qu'à l'inverse, le céréalier  biologique Canadien n’obtient qu’une majoration de 20% (Beauchemin, 2000). Le maintien de cette valorisation nécessite obligatoirement une amélioration de la qualité des céréales, un maintien des circuits de proximité, une augmentation de la production nationale et une limitation de la concurrence entre opérateurs.

5. Conclusion

Alors que le potentiel de production se consolide par l'arrivée d'exploitations céréalières sans élevage, la filière blé bio se fragilise suite à la multiplication des structures de collecte et de transformation confrontés à des approvisionnements limités, l'augmentation de la concurrence des produits importés mais aussi la demande d'une garantie de résultats imposée par la distribution. Par ailleurs, pour maintenir un marché porteur, l'agriculture biologique doit garantir la préservation de l'environnement et l'amélioration de la qualité des produits. Ce mode de production ne peut répondre à ces objectifs que si certains phénomènes tels que la spécialisation et l'intensification des systèmes sont contrôlés, voire limités. Afin de rompre les déséquilibres induits par la spécialisation des systèmes céréaliers, un certain nombre de changements techniques et organisationnels doivent être entrepris. En particulier, il convient d'encourager, à l'échelle de petits territoires, la mise en place de macro-systèmes "polyculture-élevage" réalisés grâce à la collaboration entre des exploitations spécialisées garantissant l'échange, d'effluents, de fourrages et céréales, mais aussi d'expériences.

 

Remerciements

Je remercie vivement Philippe Viaux (ITCF) ainsi que mes collègues Yvan Gautronneau et Olivier Roque (ISARA) pour leurs apports de références et relecture de ce papier.

 

Références

 

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[1] En 1985, l'Union Européenne comptait 100 000 ha et 6300 exploitations, la France était alors le premier producteur.

En 1998, on comptait 2.8 Mha (soit 2,1% de la SAU) et 113 000 exploitations.

[2] Le marché Européen représentait, en 1999, 9 Milliards en dollars Canadiens (Michelsen et al, 1999)

[3] le differentiel de prix à la vente entre ces cultures produites en bio et celles produites en conventionnel est au maximum de 30-50%

[4] Plus de 60% des meuniers ont développé leur activité avant 1990

[5] La réglementation Européenne oblige à la conversion totale d'un atelier (ex sole de blé – cas de l'Italie) et/ou celle de l'ensemble des productions végétales (cas du Royaume Uni)

[6] Les céréales secondaires destinées à l'alimentation animale sont valorisées 20 à 50% mieux qu'en agriculture conventionnelle

[7] Ces pays envisagent de convertir plus de 25% de leur production en bio d'ici 2005, ce qui passe par un élargissement de la demande nationale d'où une limitation des prix de vente